OPUS 2 de la série des ROSE
Me trouver sans te perdre est la deuxième saison de Rose.
Après avoir fait le ménage dans sa vie, Rose s’interroge sur le contenu qu’elle a envie de mettre dans sa vie pour qu’elle fasse sens.
Ce roman peut être lu indépendamment du premier qui constitue en quelque sorte le prequel de celui-ci.
Le roman est disponible sur les sites :
Amazon en format ebook (4,99€) et broché (13 €) https://www.amazon.fr/dp/B0C
Kobo en format ebook (4,99€) https://www.kobo.com/fr/fr/ebook/rose-135
Et en format livre-audio lu par l’auteure
https://www.kobo.com/fr/fr/audiobook/rose-137
Ecoutez un extrait gratuit en suivant sur le lien ci-dessus et en cliquant sur « jouer l’extrait »
Il peut être aussi acheté en librairie sur commande
Un petit extrait du roman :
Prologue
Je m’appelle Rose, une rose promise à se faner.
Tout allait comme sur des roulettes, j’ai même pensé avoir résolu la quadrature du cercle.
Après mon burnout j’ai tout remis à plat dans ma vie ; abandonné mon métier d’avocat qui m’avait essorée, pris du temps pour réfléchir à ce que j’avais envie de faire de ma vie, et surtout, surtout, préservé mon mariage de l’usure du temps en séparant ma résidence de celle de mon époux.
Cette solution paradoxale, c’est Balzac qui me l’a soufflée.
Selon lui, lorsque deux époux vivent séparément, soit ils sont divorcés, soit ils s’adorent.
Ça a été LA révélation.
Thérèse d’Ávila a été transpercée par la flèche de l’ange, moi par la plume de Balzac. Milo resté au domicile conjugal, et moi, de retour dans mon appartement de célibataire à Belleville. Un vrai bain de jouvence.
Le hic, c’est que Milo en a profité lui aussi pour changer des choses dans sa vie. Sans prévenir, il a acheté un petit domaine viticole dans le Beaujolais et il a déménagé.
On croit connaître son mari et c’est faux.
On connaît de lui ses facettes habituelles, celles qu’il vous montre chaque jour dans le contexte où vous vivez avec lui. Sa carrure rassurante, sa démarche de terrien et ses sempiternelles vestes en tweed. Son bon regard qui devient dur lorsqu’il mobilise tous ses sens pour juger un vin. Le cliquetis de ses clés lorsqu’il les pose dans le vide-poche posé sur la console de l’entrée, son air confiant chaque fois que nous sommes paumés au milieu de nulle part et qu’il semble certain de la route à prendre. L’incrédulité que je peux lire dans son regard chaque fois que mes paroles ou mes actes le dépassent, confirmation bénie de ma singularité incompressible. Pas possible, semble dire son regard, je renonce à comprendre de quoi cette femme est faite…
Pour nous, ça a été pendant dix ans une vie de citadins sans enfants. Que du bonheur, selon la formule consacrée de notre époque qui voudrait vous condamner à un ciel bleu avec son soleil immuable. Le bonheur forcé à perpète, dans la durée, ça devient une peine.
Avec la peur en ce qui me concerne, que l’amour s’affadisse et/ou que la vie commune finisse par m’aliéner. Milo, lui, est beaucoup plus serein que moi, plus stable, plus confiant. Je dirais, prévisible. Prévisible souvent, mais solide, toujours.
Dans le couple, celle qui a les mêmes propriétés que le mercure, c’est moi, celle qui peut prendre des virages à cent-quatre-vingts degrés, c’est moi, et celle qui vous donne l’impression de marcher sur la tête, c’est encore moi. Ou plutôt c’était moi. Avant que tout à coup, sans prévenir, Milo n’achète une maison dans le Beaujolais avec les parcelles de vignes qui sont autour, et s’y installe.
L’horizon s’est mis debout.
Sur le moment, j’ai même pensé qu’il avait une maîtresse, je suis allée jusqu’à soupçonner ma meilleure amie, parce que statistiquement, dans les dossiers de divorce que j’ai vus défiler dans mon cabinet d’avocate, c’est un scénario banal. Les collègues ou les amis sont souvent là pour prêter la main à l’évasion d’un conjoint blasé.
Mais voilà, Milo a déjoué les statistiques et il a pris la clé des champs parce qu’il avait envie d’être heureux au milieu des vignes et d’élever du vin. Je me suis sentie bête en réalisant que je ne prêtais que deux cases au cerveau des hommes en général : baiser ou baiser. Plus simple, de lui prêter une foucade que de découvrir être passée à côté d’une aspiration profonde de Milo. Plus grave, je n’avais prêté aucune attention particulière à ses origines. Ses parents étant morts, les miens aussi, cela avait libéré tous nos dimanches des incontournables déjeuners chez les beaux-parents.
Aucune nostalgie. Laisser les morts enterrer les morts avait été ma devise, sans comprendre que cela ne signifie en aucun cas les effacer.
Je savais que Milo venait d’un milieu paysan et il parlait peu de ses parents. J’avais respecté ce silence en me racontant qu’il était fou de joie d’avoir échappé à la campagne puisqu’à mes yeux, rien ne pouvait valoir la vie à Paris. Normal, je n’ai jamais rien connu d’autre, au fond, je ne suis jamais sortie de mon trou.
Le Milo nouveau dans le Beaujolais, moi à Paris, changement de donne. Il est probable que Milo espérait que je reprendrais la vie commune dans une maison offrant de l’espace pour deux sans se gêner. Il pariait sur le fait que ma nouvelle situation de femme sans emploi s’accommoderait bien de ce mode de vie. Une solution qui marchait bien sur le papier à condition de laisser une donnée essentielle de côté : je suis inadaptée à la campagne au-delà de quelques semaines, et je suis habituée à l’anonymat de la ville, à sa faune et à son bruit.
Je vous l’ai dit, je ne suis jamais sortie de mon trou.